La presse de l'Hérault : pour un aperçu historique

Montpellier sous l'Ancien Régime, riche de ses banques et de ses maisons de commerce, siège de l'intendant de la province du Languedoc incluant Toulouse et s'étendant jusqu'au Vivarais, dispose d'un journal depuis 1689, année où Jean Martel commence à y réimprimer la Gazette lancée à Paris par Théophraste Renaudot . Le premier journal rédigé à Montpellier est fondé par une femme dentiste, Marguerite Pagès-Marinier , le 19 mars 1770, et s'intitule, selon l'usage de l'époque : Annonces, affiches et avis divers. En 1790, devenu chef-lieu du département de l'Hérault alors créé, Montpellier exerce son rôle administratif sur un territoire désormais bien réduit par rapport à l'ancienne province.

Le chemin de fer reliant Montpellier à Sète (1836) et à Nîmes (1845), puis au réseau Paris-Lyon-Méditerranée à partir de 1857, en créant peu à peu un marché national, ruine les industries traditionnelles du département de l'Hérault. Ses petites villes s'étiolent : Pézenas sous l'effet de l'exode rural, Lodève et Bédarieux à la suite du déclin des manufactures, Agde à cause de la baisse de l'activité portuaire. En revanche, la culture de la vigne, rentable et très bien implantée autour de Béziers, devient la principale ressource agricole de l'Hérault grâce au transport ferroviaire du vin. De 1868 à 1895, la crise du phylloxéra donne naissance au vignoble de masse : désormais toute la vie du département est suspendue au débouché des vins.

Bien que dépourvu d'industrie et de véritable fonction ferroviaire, Montpellier reste un pôle commercial, administratif et universitaire attractif, concurrencé seulement par Sète (5^e port français au début du XIX^e siècle), et surtout par Béziers, dont la population augmente deux fois plus vite que celle de Montpellier.
- Sète publie divers hebdomadaires commerciaux liés à son port, et plusieurs quotidiens, dont le Journal de Cette (1885-1919) qui devient L'Information méridionale (1919-1944).
- À Béziers paraissent de nombreux hebdomadaires aux tendances politiques variées, et quelques quotidiens, dont : L'Union républicaine (1875-1914).
- De nombreuses petites villes entendent aussi avoir leur propre journal : Agde, Lodève, Clermont-L'Hérault, Bédarieux, Saint-Pons, Pézenas, Lunel.
- C'est également le cas de bourgs moins importants tels Lamalou, Balaruc, Palavas (stations thermales ou balnéaires), ou encore Frontignan, Montagnac, Sérignan, Cazouls-lès-Béziers.

Il existe dans l'Hérault une presse catholique et une presse protestante. Pour les catholiques, ce sont principalement : La Semaine religieuse de Montpellier (1868-1969) et La Croix méridionale (1891-1944). Pour les protestants, citons par exemple : L'Écho de la Réforme (1842-1853), L'Écho de l'Église réformée évangélique de Montpellier (1909-1942) ou Le Lien protestant : bulletin mensuel de l'Église réformée évangélique de Sète (1925-1949).

Une originalité de la presse de l'Hérault est la permanence d'un grand quotidien d'opposition catholique et monarchiste durant toute la Troisième République : L'Éclair (1881-1944), au ton violemment polémique, successeur de L'Union nationale (1868-1881). Du côté républicain, on lit dans l'Hérault deux quotidiens anticléricaux : Le Petit Méridional (1876-1944), radical réformiste, ou bien sa rivale La Dépêche de Toulouse (1870-1944), radicale.

Pour une introduction plus complète à l'histoire de la presse de l'Hérault, voir la préface de Robert Laurent dans le volume 34 de la Bibliographie de la presse française politique et d'information générale , par Roland Andréani et Françoise Poggioli (1970).