Images tirées de la presse ancienne du Lot

Cliquer sur l'image pour voir la page entière du journal.

Mains et battoirs en bois de la « claque

», troupe de gens payés pour applaudir

Image publiée à Agen le 28 novembre 1875 dans le journal : La Claque

« Une ville veinarde, c'est Cahors ; elle possède M. Cassius comme directeur et 1^er comique ; M. D'Alessy y joue les grands 1^ers rôles, et M. Scarella les forts jeunes premiers. Oh ! heureux théâtre

! que ton public doit être content ! »

Programme du Théâtre de Cahors annoncé dans le Journal du Lot

du 25 novembre 1875

:
« Dimanche prochain, 28 novembre, spectacle extraordinaire.
- La revanche de Fortunio, opérette de Robillard

.
- Les chevaliers du brouillard

, drame historique à grand spectacle en 5 actes et 10 tableaux, par MM. d'Ennery

et Bourget

.
Entre le drame et l'opérette, il sera tiré une tombola monstre ».

Dans un café, un homme lit un journal avec excitation

Dessin de Gardavot publié à Toulouse le 6 avril 1884 dans le journal : La Bombe

« Un pied dans le journalisme. Le premier article.
Un poème d'émotions contenues, de vanités satisfaites. Ah ! c'est un beau jour que celui-là !... Le père a souri bien des fois à la lecture du fameux article ; la mère a essuyé furtivement plus d'une larme de plaisir en écoutant le chef-d'œuvre de son fruit bien-aimé. L'auteur lui-même s'est avoué tout bas, avec une modestie rigide, que son morceau était bien tapé !... Il a contenté tout le monde et son père ; la gloire lui tend ses couronnes, Cicéron

et Virgile

sont bien loin derrière lui. Il n'y a qu'un vrai journal au monde : la Vigie du Lot, de Pastura ! [journal et ville imaginaires].
Huit jours à l'avance, toute la ville sait, de par monsieur son père, qu'Albert est à l'imprimerie, qu'Albert corrige ses épreuves, qu'Albert est au bureau de son journal !
— Vous avez raison, dit le maire à sa famille, de lui apprendre à faire l'article. Dans notre siècle, le commerce tient le haut bout, et moi-même...
— Mais pas du tout ! s'écrie le père indigné, c'est son article de journal, son...
— J'entends bien, réplique le bon magistrat : tenue des livres

, journal

, grand livre

...
Pour fermer la bouche à l'honnête fonctionnaire, le père ne voit rien de mieux qu'une invitation à dîner pour le grand jour...
On fera aux dominos, on mangera un bon tourin

suivi d'un bon chabrot

, on mangera le civet

et on lira l'article.
Tout est prêt : le journal a paru enfin, l'article rayonne, deux colonnes durant, sur un papier qui n'avait jamais été si beau, avec des caractères qui n'avaient jamais été si neufs ! Pour cette fois, la mère n'a pas cousu, elle a lu toute la journée ; le père n'a pas fait son bézigue

quotidien avec l'adjoint ; mais, en revanche, il sait l'article par cœur ; l'auteur, lui, est parvenu à le déclamer si bien que, le soir venu, les invités palpiteront d'émotion à la lecture d'Une tempête dans un tire-bouchon, de M. Albert Tournegarlesque.
Au dîner, le maire et son adjoint sont là ; le capitaine des pompiers et le conducteur des ponts et chaussées

, le sonneur

et le garde champêtre

se sont rendus à l'invitation du bienheureux père ; tout Pastura, en voyant la lumière étinceler aux vitres de la petite maison, en entendant les conversations joyeuses et le choc des verres, se dit avec orgueil : c'est M. Tournegarlesque qui donne à dîner et son fils qui lit l'article.
L'article est lu !... Le père est radieux, la mère boit dans le verre du curé pour cacher le pleur qui l'étouffe. Un conseiller municipal, transporté par le petit vin du cru, s'écrie avec une emphase antique : « Voilà Bébert, pardon, Albert lancé dans le journalisme ! ». Le capitaine des pompiers, M. Mangecrabe, a compris journal, mais n'ayant pas saisi de prime abord toute la valeur de lisme, il lance un : « de Suez

! » enthousiaste et convaincu.
À ces mots, le conducteur des ponts et chaussées qui, comme dirait le comte de Hautefutaie, est un homme à la hauteur de son siècle, pique bravement dans son assiette un champignon superbe, et le montrant bien haut, hasarde un affreux calembour de circonstance : Vive les ceps ! À ce toast admirable, toute l'assistance applaudit, le père rit, la mère rit et pleure à la fois dans le gilet de M. Mangecrabe, le bouillant capitaine des pompiers. Le jeune auteur sort pour cacher son émotion...
Décidément, il y a trois grandes époques d'amour-propre dans la vie du jeune homme : le premier pantalon à poches [remplaçant la culotte courte

], le premier regard d'une femme et le premier article.
L. de B., Cahors, 25 mars [1884]. ».

« La vallée du Célé

. Sauliac »

Image publiée à Paris le 12 mars 1911 dans le journal : Le Lot à Paris

« Nous avons déjà parcouru près de trois lieues [depuis le château de Cabrerets

] quand nous arrivons au village de Sauliac

dont presque toutes les maisons sont accrochées au flanc des rochers qui les abritent du vent et de la pluie. On dirait des grands nids d'hirondelle

, et le cri et le volètement des corneilles

et des corbeaux ajoutent encore à l'illusion. À mesure que nous avançons, la vallée s'élargit ou se rétrécit selon que les hautes murailles naturelles de roc se resserrent ou s'éloignent, les tableaux les plus séduisants se succèdent ».

Vallée de l'Alzou

. Entrée de Rocamadour

par la Voie sainte (D32) en venant de l'Hospitalet

Image publiée à Paris le 16 avril 1911 dans le journal : Le Lot à Paris

« Après les deux lieues parcourues [dans le causse de Gramat

] depuis le village de Graule

nous arrivons au pied du coteau des Adrets. [...] Gravissons le sentier dont les lacets multipliés en zigzags, grimpent à travers l'énorme masse de calcaire. Tout à coup, dans une conque contenant à peine quelques litres, une eau claire s'offre à nos gosiers altérés par la chaleur torride de cette claire après-midi. D'où vient donc cette petite source qu'aucun brin d'herbe n'annonce et qu'une pierre seule marque au milieu du désert brûlé ? Notre caravane tout entière s'y rafraîchit avec délice et repart ensuite pour arriver bientôt sur le plateau où nous sommes assaillis par des vendeuses

[de chapelets

] de noisettes [véreuses]

et de bagues en perles montées sur crins. Rocamadour n'est plus très éloigné

».

« Poilus. Dessinés par Eugène Hanriot, brigadier »

Image publiée dans le Secteur postal 48 [Marne] en juillet 1917 dans le journal : L'Écho des gourbis

« Ces derniers temps, un certain nombre de nos camarades du 131^e territorial

ont quitté le régiment pour aller dans d'autres formations. Ce n'est pas sans peine qu'ils sont partis et que nous les avons vus partir. Ils étaient de notre petite province natale

et ils étaient avec nous depuis le début de la guerre. Que de terribles, et d'heureux jours aussi, nous avons passés ensemble, depuis déjà trois ans bientôt ! L'un d'eux, en nous quittant, disait : J'ai plus d'émotion aujourd'hui que le jour de la déclaration de la guerre, bon Dieu ! Et je vous assure que ni les uns ni les autres nous n'étions bien fiers de cette affaire-là. On se mouchait beaucoup.
Nous disons à nos chers et braves camarades tous nos souhaits et nous les prions de ne pas oublier le régiment du pays qui est la petite patrie du Front et qui ne les oubliera pas ».