La presse du Vaucluse : pour un aperçu historique

Le département du Vaucluse créé par la Convention en 1793 rassemble des territoires ayant eu des statuts particuliers :
- la cité-État d'Avignon, possession du Pape, avec son impressionnant palais forteresse
- le Comtat Venaissin (capitale Carpentras), autre possession du Pape
- les principautés d'Orange et de Mondragon, la viguerie d'Apt, le comté de Sault...
Le 14 septembre 1791, Avignon et le Comtat Venaissin sont réunis à la France. Comme Valréas et ses environs faisaient partie du Comtat Venaissin, ils sont attribués en 1793 au département du Vaucluse. En 1800 le canton de Suze-la-Rousse est détaché du département du Vaucluse vers celui de la Drôme, ce qui isole le canton de Valréas, aujourd'hui petite enclave de Provence-Alpes-Côte-d'Azur au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

L'histoire de la presse dans le Vaucluse commence très tôt et de façon flamboyante. Avignon avant 1791 étant hors du royaume de France, les imprimeurs peuvent librement (sous le contrôle des autorités pontificales) y faire paraître des gazettes en langue française comme celles qu'on publie alors avec succès aux Pays-Bas, en Allemagne, en Angleterre ou en Suisse. Ainsi, la Gazette de Théophraste Renaudot paraissant à Paris depuis le 30 mai 1631 est imitée dès 1633 par une Gazette imprimée en Avignon par Jean Bramereau . Un siècle plus tard, François Morénas fonde en Avignon Le Courrier ; quand du 11 juin 1768 à 1774 la France occupe Avignon, et y applique le privilège exclusif de la Gazette de Renaudot, Le Courrier se transfère dans la principauté de Monaco pour pouvoir continuer à paraître. Paradoxalement, c'est la liberté de la presse, avec la réunion d'Avignon à la France en 1791 sous la Révolution, qui entraîne le déclin de la presse avignonnaise, à cause de la perte de l'avantage concurrentiel que lui donnait son statut d'enclave papale.

Réduit au rôle de journal local, Le Courrier d'Avignon vivote jusqu'en 1816, après quoi il ne reste comme journaux dans le Vaucluse qu'une banale feuille d'annonces à Avignon , Apt et Orange, jusqu'au lancement en 1828 de L'Écho de Vaucluse. Ce bihebdomadaire, devenu en 1845 un journal politique constitutionnel intitulé Le Mémorial de Vaucluse, puis en 1866 Le Méridional, paraissant trois fois par semaine ou tous les jours, et enfin en 1871 Le Progrès du Midi, durera sous ces titres successifs jusqu'en 1872. Plus éphémères sont les journaux démocrates nés dans le Vaucluse à partir de la Deuxième République : Le Républicain de Vaucluse (1848-1849), Le Démocrate de Vaucluse (1850-1851), plus virulent, puis un autre Démocrate de Vaucluse (1868-1870, auquel collabore Elzéar Pin ), La Démocratie du Midi (1870-1874), puis un autre Républicain de Vaucluse (1874-1877)... Avignon est la seule ville du Vaucluse ayant eu des quotidiens ; les journaux de Carpentras, Apt, Orange et Cavaillon ne paraissent généralement qu'une fois par semaine. En dehors d'Avignon, le centre le plus vivant en matière de presse est Apt, où Le Mercure aptésien fondé par Jean-Sauveur Jean en 1839 dure jusqu'en 1926.

L'agriculture est un sujet primordial dans cette plaine fertile qui peut diffuser ses fruits et légumes grâce au chemin de fer Lyon-Marseille. Pendant la seconde moitié du XIX^e siècle, plusieurs journaux se consacrent à l'élevage du ver à soie, qui avait été introduit en France par les papes d'Avignon 500 ans auparavant. Plus tard, apparaissent quelques journaux viticoles accompagnant les efforts des vignerons pour faire mieux connaître et reconnaître les vins du Vaucluse. Autre sujet récurrent, les spectacles : bien avant la création du Festival d'Avignon en 1947, la presse du Vaucluse témoigne, depuis La Mouche en 1839 jusqu'à Notre film en 1935-1936, d'une vie locale théâtrale et culturelle.

Face à la concurrence des quotidiens marseillais que le chemin de fer apporte dans le Vaucluse chaque matin, certains quotidiens d'Avignon tentent de s'adapter en paraissant le soir au lieu du matin : Le Quotidien de Vaucluse (1911-1926), L'Écho d'Avignon (1938-1939), puis Les Tablettes du soir (1939-1944). À Valréas puis Vaison-la-Romaine, en plus des journaux locaux, l'imprimerie Macabet se spécialise dans les bulletins paroissiaux qu'elle produit pour la France entière, en y insérant quelques pages de nouvelles locales au milieu d'un texte commun. Autre originalité du Vaucluse, la presse en langue occitane : c'est à Avignon que le poète Frédéric Mistral , résidant à Maillane (Bouches-du-Rhône) qui n'est qu'à 15 km, publie les 324 numéros de son journal L'Aiòli (1891-1899). Dans le Vaucluse également paraissent Lou Gau (1897-1911 ?) et Lou Rampèu (1904-1910) qui fusionnent pour devenir Lis Annalo dóu pople de Prouvènço (1912-1921) puis Lis Annalo felibrenco.

Pour une introduction plus complète à l'histoire de la presse du Vaucluse, voir la préface de Jacques de Font-Réaulx dans le volume 84 de la Bibliographie de la presse française politique et d'information générale , par Jean Watelet (1977).