Images tirées de la presse ancienne de l'Hérault

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« Le château d'eau » [du Peyrou

, à Montpellier]

Dessin d'Henri de Taffanel de la Jonquière

publié à Montpellier le 6 février 1926 dans le journal : La Vie montpelliéraine

« Depuis un bon mois s'étalent sur nos murs de belles affiches blanches par les soins de notre municipalité. Un de mes amis, d'une ville voisine, est curieux de cette littérature murale. Allant, un jour, avec moi à l'Université

, il tomba en arrêt devant ces neigeux placards et les noirs titres qui attirent l'œil des passants. Il eut un sursaut : Vous êtes donc en période électorale ?, me dit-il. Que voilà un maire combatif ! Il parle d' « enlèvement », ce qui semble un appel direct à la suppression de ses adversaires. Et quels sont ces adversaires qu'il traite élégamment d'ordures ? Je dus expliquer à mon ami que son exégèse des affiches était un peu trop hardie ; que notre maire

[Albert Billod

, SFIO

] était un galant homme, très courtois, dont nul mot grossier ne souilla jamais la bouche ; qu'au reste, professeur de littérature, il n'avait pu apposer sa signature qu'au bas d'un texte écrit en excellent français ; qu'au surplus, je n'avais pas lu cette affiche, non plus qu'aucun de mes concitoyens, mais que je savais par la voie (ou la voix) des journaux que notre athénienne

municipalité se préoccupait actuellement d'hygiène et de balayage des rues. [...] Toute ironie mise à part, il semble que l'adjoint préposé à l'hygiène s'est donné là une tâche très utile. Mais arrivera-t-il à imposer à ses concitoyens la poubelle

obligatoire ? Vous savez que cet utile récipient doit son nom à un ancien préfet de police

, qui fut plus tard ambassadeur. M. le maire Pezet [maire en 1901-1904 et 1908-1919]

essaya d'importer ce produit du luxe parisien à Montpellier, et ces caisses métalliques eurent leur heure de célébrité au Clapas

, sous le nom de « pezettes ». Ma femme de ménage se refuse à appeler d'un autre nom la boîte à ordures.
M. Teste

La rivure par l'air comprimé, aux Ateliers méridionaux de Montpellier. Image publiée à Montpellier le 12 novembre 1927 dans le journal : Le Midi illustré

« Ateliers méridionaux de Montpellier. La rivure par l'air comprimé »

Image publiée à Montpellier le 12 novembre 1927 dans le journal : Le Midi illustré

« Par le clair chemin de Saint-Martin-de-Prunet, qui unit, dans la banlieue ouest de Montpellier, l'activité d'un quartier industriel au charme reposant de la campagne, nous arrivons aux « Ateliers Méridionaux ». [...] Nous assistons au travail de la forge, scandé par les chocs multipliés des lourds marteaux frappant l'enclume, nous voyons en action, des riveuses automatiques assemblant les croisillons des charpentes métalliques

; des foreuses transperçant des poutrelles d'acier ; les tours vertigineux galbant les pièces ; les fraiseuses, les sertisseuses, les scies, dans l'enchevêtrement des courroies de transmission animant d'une vie trépidante l'immense machinerie. [...] 90 p. 100 des appareils et charpentes des caves et distilleries coopératives du Languedoc sortent de nos ateliers. »

« Les obsèques de notre pauvre Carnaval, dont on verra à l'intérieur l'émouvant défilé

»

Dessin de Jo. Carbi [Joseph Abric]

publié à Montpellier le 21 février 1931 dans le journal : Le Midi illustré

« Et devant le cercueil du Roi de la débauche

et ses conseillers municipaux bien-aimés, l'éminent professeur Stéphanus clame son oraison funèbre: Gaudeamus , Messieurs ! Il est mort et bien mort dans le dénuement le plus complet et les miasmes de ses confetti empoisonnés, de ses corsi aux relents de chair fraîche et de son pavillon couvrant mal sa gaillardise ! [...] Ce n'est pas seulement la guerre qui a supprimé le Carnaval

. Déjà, avant 1914, le Mardi-Gras

surtout ne battait que d'une aile [...] Certes, il est encore original et curieux mais ce n'est pas l'entrain, la gaieté, la fantaisie d'il y a seulement trente ans. Le goût public a visiblement changé. [...] La grande vogue carnavalesque remonte à l'Empire

. Déjà la guerre de 1870 lui avait porté un premier coup. Il faut être un vieux Parisien pour se souvenir des bacchanales d'autrefois, de la procession du Bœuf Gras

, des bals travestis et du souffle de folie qui animait tout cela. [...] Le Mardi-Gras marquait la fin de la « saison » des bals et des grands dîners. On observait le Carême

et pendant ses quelques semaines on ne dansait pas. Quand Pâques venait, on bouclait ses malles et l'on s'installait à la campagne. Mais, dès novembre, on rentrait, la vie mondaine reprenait toute son animation et janvier était le mois de la grande fête. Nous avons changé tout cela. On dansera à Paris en juin, puisque les dancings

font fureur, mais il faut des plaisirs nouveaux. [...] Le goût croissant pour les sports, la passion de la chasse qui s'est fort développée, les commodités et les plaisirs de l'automobile ont achevé cette révolution. Sous le Second Empire, les jeunes hommes qui suivaient la vie élégante [...] n'étaient ni plus ni moins vertueux que ceux d'aujourd'hui, mais ils étaient volontiers des noctambules. »

« Nouveau-né

. Sur les bords du Lez

, vers Castelnau

, on a trouvé, enveloppé dans un numéro du Petit Méridional, le petit cadavre d'un nouveau-né, venu au monde vivant et viable. Le Sud

et L'Éclair

seront sans doute ennuyés que la coupable soit une lectrice du Petit Méridional. [...] Cette histoire de cadavre est lamentable : strangulation avec une serviette ; fracture du crâne avec une pierre, noyade dans une rivière, dépôt sur la berge par un chien et dans un quartier qu'on appelle « La Soufrière » [Société méridionale des soufres]

. Malgré l'horreur, faut-il être impitoyable pour la pauvre fille qui, trompée, délaissée, a eu des heures de souffrance et de folie ? Herriot ne vient-il pas de s'écrier : Il n'y a pas de filles-mères, il n'y a que des mères. Inclinons-nous devant une mère. Cependant, celle-ci a reconnu, devant le juge d'instruction que les pères pourraient bien être trois. Cruelle énigme ! »

« L'entrée de la grotte des Demoiselles s'ouvre sur une magnifique terrasse taillée sur le flanc de la montagne du Thaurac »

Image publiée à Montpellier le 5 décembre 1931 dans le journal : Le Midi illustré

« M. le ministre [du tourisme] Gaston Gérard

inaugure la grotte des Demoiselles

. Ce mercredi 25 novembre [1931], le ciel est bleu et l'animation grande sur la place de la Préfecture [à Montpellier]

. Devant les grilles du jardin, s'aligne la théorie des autos, des cars et des pullmanns, dont les plus remarqués sont les autos-taxis

Ford

. D'une ligne harmonieuse, d'une teinte à la fois sobre et élégante, ces taxis Ford sont conduits par d'impeccables chauffeurs et leur taximètre s'enveloppe aujourd'hui d'une gaze bleue qui semble rendre ces voitures plus légères encore. Elles attendent, à cette heure, toutes les personnalités montpelliéraines pour les conduire à la grotte des fées. Et, en effet, sénateurs, députés, préfets, généraux et présidents prennent bientôt place sur leurs coussins profonds. Le trajet, sera séduisant et pittoresque, qu'elles feront en une allure souple et rapide, malgré les rudes côtes qui serpentent jusqu'à la grotte. [...]
À Montpellier et dans tout l'Hérault, et même ailleurs, tout le monde avait entendu parler de cette grotte des Demoiselles, creusée dans la montagne du Thaurac, près de Saint-Bauzille-de-Putois

, mais rares cependant les aventureux qui l'avaient visitée. Il fallait, en effet, des échelles, des cordes, des torches, des fusées et un cœur bien attaché, car il y avait des fées, des lutins et des fantômes blancs — du moins, le pauvre Jean, le premier qui découvrit et visita cet aven le racontait ainsi et la légende — une légende naïve et mystique s'en empara.
Mais, en notre siècle de réalisations, des esprits avisés et pratiques ont dissipé cette légende à coups de pics, de pioches, de mines et de ciment armé. Sous ces coups redoublés, tout s'est évanoui, les fées, les gnomes et même les échelles et les cordes. Il n'est resté que la belle vierge à l'enfant

, qui s'endort au chant des orgues silencieuses et au bruit des gouttelettes d'eau qui tombent dans les immenses vasques. »

« Un des derniers fiacres montpelliérains va disparaître »

Image publiée à Montpellier le 18 novembre 1934 dans le journal : Le Petit Méridional

« Fiacres

. Le moteur à essence a détrôné le moteur à crottin ! Je n'invente rien, je constate un fait malheureusement incontestable [...]. On mettait une très grosse heure pour aller sans danger à Palavas

, alors qu'aujourd'hui on ne compte que quelques minutes, et aussi quelquefois, hélas ! plusieurs mois d'hôpital ! Or donc, hier, dans ces colonnes, nous avons donné la photographie d'un des deux fiacres

montpelliérains. On a regardé avec attendrissement la silhouette du brave cocher, celle de Cocotte, bête calme, placide, fataliste et résignée à son sort, celle, enfin, fort peu aérodynamique du coupé

, dont une fâcheuse erreur de plume nous a fait annoncer la prochaine disparition.
Rien n'est plus faux, et nous sommes heureux de le souligner. En effet, notre fiacre nous restera encore, et c'est son conducteur, M. Marius Cristol, loueur de voitures, qui a bien voulu nous le promettre dans la touchante lettre suivante : Je ne sais comment remercier votre estimable journal de la sympathie qu'il m'a témoignée, ce jour, en passant un cliché de ma modeste personne et de mon non moins modeste équipage. Heureusement pour moi, et quoi qu'on ait pu en penser, je n'ai pas encore décidé de disparaître de la circulation. Depuis près de 50 ans que je fais mon métier, ma clientèle est toujours nombreuse, et je souhaite ardemment, vous pouvez le croire, que ma santé me permette de continuer encore longtemps à mener mon cheval. Mes clients peuvent donc toujours s'adresser à moi. Notre corporation se meurt peut-être, puisque je suis, avec un camarade, un des deux derniers survivants, mais je préfère de beaucoup la carrière humble des cochers de fiacre à celle de ces machines à progrès, qui allongent tous les jours le triste tableau des routes ensanglantées . »