Images tirées de la presse ancienne de l'Aube

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Distribution de caricatures (lithographie par Étienne Collet

)

Image publiée à Troyes le 20 septembre 1840 dans le journal : La Silhouette

« Chaque exemplaire du journal contiendra, à la troisième page, une lithographie

, qui sera le plus souvent le complément du texte, quelquefois le portrait des illustrations troyennes, telles que [Pierre] Mignard

, [François] Girardon

, [Pierre] Pithou

, [Pierre-Jean] Grosley

, Lecointe [Charles Le Cointe]

, [Jean] Juvénal [Jouvenel] des Ursins

, etc., etc. ; la charge [= caricature

] d'une actualité, bien connue du pays, acteurs, artistes, types populaires, une série de dessins à l'imitation du Charivari

[voir ce journal en 1840

], y seront esquissés tour à tour ; les magnifiques monuments

que notre département renferme auront aussi droit de reproduction, ils seront toujours accompagnés d'une notice historique ».

Étienne Coché, crieur de vin (lithographie par Charles Fichot

)

Image publiée à Troyes le 4 octobre 1840 dans le journal : La Silhouette

« Coché

, jusqu'à 25 ans, avait trouvé dans les douceurs du far niente de sa prébende de servant et de sonneur, plus d'une abondante moisson qui lui permettait de faire peu de toile, et en revanche de prendre beaucoup d'agrément et de loisir. [...] Mais 93, entr'autres déplacements, déclassa les honorables dont Coché faisait partie, et les mendiants, les quêteurs, les solliciteurs, guirlande affamée qui s'attachait aux couvents, trouvèrent un beau matin démolies ou enfoncées les portes devant lesquelles la charité monacale faisait ses libéralités. [...] Coché resta un moment dans le silence observateur du grand homme, et se mit en route [...] ; il se créait fortune, position, considération, à l'instant où la fortune, la position et la considération craquaient de toute part pour tout le monde [...] ; de la facétie et de la charge, il fallait qu'il passât subitement au triste et au sévère [...] : il se faisait prêtre non assermenté et se posait en victime de la perpécution révolutionnaire. Il serait fort difficile de vous dire par quelle bourde il empauma les braves habitants de Vailly

; ce qu'il y a de certain, c'est que les paysans point révolutionnaires devinrent très innocemment et avec la meilleure volonté du monde, les complices d'une fourberie exercée à leurs dépens. [...] Mais par malheur pour l'existence choyée, grasse, florissante de Coché, une mendiante, une ancienne collaboratrice survint d'aventure, et renversa bien avant l'époque que Coché avait prévue, le château de cartes de son bonheur. Coché était venu en proscrit, il partit en fugitif. L'aventure fit tapage [...]. Mais avec la réputation et l'expérience acquises par des antécédents incontestables, Coché prit le haut bout de sa profession, et tint de la même main la torche fleurie des confréries en liesse, le brancard des porteurs de corps morts, la houe du fossoyeur, la corde du sonneur, et portant au service de ses concitoyens vivants la belle et ronflante basse-taille avec laquelle il accompagnait les défunts à leur dernière demeure, il devint à la suite d'un concours public, juré-crieur de vin

.
C'était bien alors le plus drôle d'homme et le plus drôle de corps dans ce nouvel emploi (voir la lithographie ), c'était merveille de l'entendre moduler le dithyrambe en l'honneur d'un cabaret ou d'un vin nouveau-né, on ne retrouvera plus cette annonce musicale, pittoresque, espèce de chanson bachique et burlesque à cent facettes, à cent couplets, se cahotant sur une tenue d'rrrr redoublés, entrecoupée de notes éclatantes, et terminée par le ronflant fortissime de pas de crédit, mes enfants ! »

« Hum ! hum ! À 6 sous le litre, à 9 sous le litre, à 10 sous le litre, excellent vin rouge de Souligny , de Lépine , de Laines-aux-Bois . Hâtez-vous d'y aller, chez la mère Tripier, dans la rue des Bons-Enfants, on donne à boire, à manger, dans la salle tapissée, éclairée, parfumée, en payant, pas de crédit, mes enfants !! Hum hum babète [bavarde] !! »

Devant un homme à oreilles d'âne et un homme à tête d'escargot, un homme à tête de taupe (caricature d'un archéologue), une pioche et quelques tessons à ses pieds, regarde sa croix de la Légion d'honneur.

Image publiée à Troyes le 15 novembre 1840 dans le journal : La Silhouette

« Ah ! La voilà donc ! ... que de coups de pioche donnés ! que de boue remuée pour l'avoir ! Je la tiens enfin... Sale, il est vrai, mais je m'en fiche... J'ai fait mon chemin, on dira ce qu'on voudra ».

Le rédacteur de ce journal La Silhouette, Amédée Aufauvre

(1817-1864) était lui aussi archéologue

, mais n'a pas

eu la Légion d'honneur.

[8 novembre 1840, page 2

] « Le charlatan. Oui, mesdames ; oui, messieurs ; vous ne voudrez pas y croire [...]. Avec une certaine quantité de mon baume, toutes les femmes deviennent belles, aimables et douces ; tous les maris sont fidèles ; tous les chevaliers de l'ordre royal de la Légion d'honneur ont mérité la croix ; tous les poltrons ont du courage, les fripons de la probité, les sots de l'esprit, les députés de l'indépendance, les marchands de la conscience [...] ».

[15 novembre 1840, page 4

]. « Décidément, nos jours sont en danger, car une personne bienveillante nous engage, — et en vers —, à conserver beaucoup de prudence dans nos dessins et nos écrits, si nous ne voulons recevoir des coups de bâton. Nous nous trouvons suffisamment punis par la lecture des vers, et nous espérons que notre châtiment se bornera là ».

Troyes, place de la Libération

: la Halle aux grains

(1841-1895), cœur de l'Exposition de 1860

.

Image publiée à Troyes le 7 juin 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

« PRODUITS FORESTIERS. M. Renon, propriétaire à Chapelle-Lasson (Marne)

, envoie comme spécimen des plantations faites par lui sur des terrains improductifs : quatre pieds de conifères

, trois pins sylvestres et un épicéa. [...] C'est une véritable conquête que d'avoir rendu à la végétation des terrains de craie

autrefois voués à la stérilité. [...] Après les pins, sur le sol reconstitué par eux, s'élèveront, dans un avenir qui n'est pas très éloigné, les arbres feuillus aux ombrages épais ; et, là où le croassement des corbeaux

interrompt seul encore le silence des vastes plaines blanches et désolées, nos petits-neveux entendront gazouiller la fauvette

et murmurer les frais ruisseaux ; car les bois sont les réservoirs naturels où s'accumulent les vapeurs de l'atmosphère, qui s'y condensent pour s'échapper en sources, après avoir imprégné le sol de leurs principes fertilisants.
Ce ne sont pas là d'irréalisables utopies

. Quarante ans nous séparent à peine de l'époque où les premiers résineux ont été plantés en Champagne, et déjà nous pouvons en apprécier les résultats. Partout où les massifs ont pu se former, le sol est couvert d'une couche épaisse de feuilles décomposées. Une nouvelle génération de plants vigoureux croît sur ces débris, et remplacera bientôt les plantations primitives. L'avenir de ces bois est aujourd'hui assuré.
[Amédée] Bouquet de la Grye

».

Portrait en miniature d'Alphonse Brunard, par son père le peintre Joseph Brunard

Image publiée à Troyes le 7 juin 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

« La Bibliothèque de Troyes

a reçu, pour deux mois, une destination nouvelle et imprévue ; elle est devenue, pour la durée de l'Exposition

, une succursale du Musée

. Elle a couvert de tentures ses plus bas rayons, et disposé sur ces tentures tout ce que le Musée n'a pu recevoir, le trop-plein des richesses artistiques [...]. C'est dans cette bibliothèque que l'on a placé les miniatures

; on les rencontre à droite en entrant, sous le jour et dans l'embrasure de la première fenêtre. Elles appartiennent à deux artistes, l'un de Troyes, M. Brunard, et l'autre de Paris, et hors région par conséquent, Mlle Douliot [...].
Les grands portraits s'attachent à une muraille qu'ils ne doivent jamais quitter [...]. Nous préférons les petits portraits, les miniatures : ceux-là, on les place sur sa cheminée, sur son bureau ; on les tient à la main, on les voit à l'aise, on les approche autant que l'on veut et de ses yeux et de son cœur [...]. Qui ne s'est oublié des heures entières dans la contemplation d'un de ces petits portraits ? [...]. On les emporte en voyage, en exil, et, comme un portefeuille peut les contenir, on les a sur soi à tous moments ; on les sent quand on ne les voit plus. Enfin, et c'est là le plus grand mérite des petits portraits, on les cache plutôt qu'on ne les montre ».

D'après le répertoire d'artistes Allgemeines Künstlerlexikon

:
- Joseph Brunard (1812-1891), élève de Paul Delaroche, Edme Rousseau et Pierre-Paul-Emmanuel Pommayrac, a peint surtout des portraits en miniature (majoritairement de femmes), ainsi que des scènes mythologiques et des bouquets de fleurs.
- Marie-Anaïs Douliot (1834-1882), élève de Jean-Hilaire Belloc et Louise Belloc (épouse Redelsperger), a travaillé de 1862 à 1869 comme peintre de personnages à la Manufacture de Sèvres

. Elle a enseigné la peinture de miniature et a eu parmi ses élèves Léonide-Joséphine Leblanc et Joséphine-Louise-Marguerite Poinet (née Vey).

« Bal offert, le 13 mai 1860, aux exposants du Concours agricole

par le maire de Troyes [Désiré Argence

]. Dessin de Charles Fichot

»

Image publiée à Troyes le 17 mai 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

Hôtel de ville de Troyes, Salle du Conseil

« L'Empereur

[avec Eugène Rouher

ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics de 1855 à 1863] a voulu que, dans toute la France, divisée en douze circonscriptions agricoles, des concours régionaux

portassent, jusque dans les plus petites localités, l'émulation, les encouragements, les enseignements de la science et de la pratique [...]. Cette année, pour la première fois, la ville de Troyes est le théâtre d'un concours régional ».

« Il a été présenté à notre concours 254 instruments [... dont trois herses

articulées de différentes grandeurs, un chariot

aux dimensions colossales, une machine à moissonner

, un semoir

, des machines à faucher

, un rouleau brise-mottes

, des hache-paille

, charrues

, houes à cheval

, extirpateurs, concasseurs de graines, coupe-racines...]. Notre regard, comme celui de tous les visiteurs, a naturellement été attiré par une puissante machine à vapeur appartenant à M. Dosseur-Doyen

, de Dampierre (Aube). Mais son grand défaut, c'est qu'elle coûte 4 800 francs, prix difficile à aborder par la grande majorité des agriculteurs. Il n'y a que les propriétaires qui possèdent des exploitations d'une grande étendue et d'un grand rapport qui puissent se permettre un pareil sacrifice. Aux États-Unis, où l'on ne recule devant aucune dépense quand il s'agit de diminuer les frais de main-d'œuvre et d'économiser le temps, une machine de cette nature serait recherchée ; mais en France, on court après le bon marché, et tout instrument aratoire qui se mettra à la portée de toutes les bourses sera sûr de trouver des acquéreurs, alors même qu'il offrira moins d'avantages que les machines cotées à un prix trop élevé ».

Feu d'artifice tiré à Troyes, le 12 mai 1860, sur le pont Jully [bassin de la Préfecture ?]

Image publiée à Troyes le 17 mai 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

« Vous le savez, de graves modifications viennent d'être introduites dans notre système économique et commercial ; les barrières des douanes ont été ouvertes ou abaissées

, et la concurrence va s'engager avec l'industrie étrangère. En présence de cette situation nouvelle, des craintes se sont manifestées, quelques défaillances ont paru se produire. Ne vous laissez aller ni à la crainte, ni au découragement. En supprimant des prohibitions désormais inutiles et surannées, le gouvernement de l'Empereur ne cesse pas de veiller sur l'industrie nationale et de défendre ses intérêts. Une grande et solennelle enquête

se fait en ce moment ; toutes les situations y seront étudiées ; tous les intérêts y seront entendus, et, j'en puis donner l'assurance, ceux qui ne s'abandonneront pas eux-mêmes seront loyalement et équitablement protégés ».
[extrait du discours de Pierre-Jules Baroche

, président du Conseil d'État]

Glorification de la très sainte vierge Marie, gravure exécutée au dix-septième siècle. Image publiée à Troyes le 20 mai 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

La cathédrale de Troyes, gravure d'après un dessin de Dieudonné Lancelot. Image publiée à Troyes le 20 mai 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

« Glorification de la très sainte vierge Marie, gravure exécutée au dix-septième siècle »

« La cathédrale de Troyes

, gravure d'après un dessin de [Dieudonné] Lancelot

»

Images publiées à Troyes le 20 mai 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

« Les almanachs

, la bibliothèque bleue

et les noëls

constituèrent, pendant plus de deux siècles, une des branches lucratives de l'imprimerie de Troyes, malgré la concurrence des almanachs flamands. La bibliothèque bleue et les noëls ne sont plus que des curiosités, mais les almanachs de Troyes

subsistent toujours sous une foule de titres populaires. On en fabrique chaque année des centaines de milliers

. Malgré leur luxe, les publications rivales de Paris n'ont pu détrôner ces compilations sur papier grisâtre, où le caractère prend les formes arrondies de la tête de clou et la vignette l'apparence de plaques de cheminée. Ce qu'il y a de bizarre, c'est que cette exécution est une des conditions du succès. La clientèle des almanachs de Troyes ne tient que fort peu compte des améliorations qu'on y introduit. Il lui faut la physionomie traditionnelle [...].

Prenons sur-le-champ la comparaison la plus saisissante en mettant en présence la gravure typographique du dix-septième siècle et la gravure d'illustration moderne (voir les gravures).
[À gauche] Le spécimen de gravure ancienne illustrait des livres de piété de l'ancienne imprimerie de Troyes.
[À droite] La gravure moderne, exécutée sur un dessin de M. [Dieudonné] Lancelot

, reproduit le grand portail de la cathédrale de Troyes

. Ce sujet, connu de la plupart de nos lecteurs, permettra d'apprécier l'exactitude du dessin, la finesse et le brillant de la gravure. Jusqu'à la création du Magasin pittoresque

, l'acier seul pouvait prétendre aux délicatesses du burin qu'on réalise maintenant sur le buis [gravure sur bois de bout]

. Le Magasin pittoresque est une publication sans rivale dans le monde entier, au point de vue de l'art, de la gravure et du bon marché. On n'est arrivé que par exception, dans des ouvrages de luxe, très coûteux par conséquent, à donner des planches gravées aussi belles, le plus souvent inférieures, et quelquefois il a fallu emprunter à la maison [Jean] Best

[également imprimeur de L'Exposition de Troyes illustrée

] ses moyens d'exécution. Le Magasin pittoresque, qui constitue la plus belle collection de gravures sur bois qui existe, est en même temps un miracle de bon marché ».

« Vue intérieure du Musée de peintures [de Troyes]

. Dessin de Charles Fichot

»

Image publiée à Troyes le 20 mai 1860 dans le journal : L'Exposition de Troyes illustrée

« Ce journal [voir table des matières ] a déjà parlé de l'ensemble de notre Exposition artistique. Des articles spéciaux y ont été consacrés à la lithographie

, à la photographie

, à la miniature

. Les œuvres d'un autre genre exposées au salon de peinture, à la salle de sculpture et à la Bibliothèque feront l'objet de la revue que nous commençons aujourd'hui. Nous adopterons pour ces études l'ordre commandé par la tradition : après l'histoire

, le portrait

; après le portrait, le genre

; le paysage

, les fleurs, les natures mortes

viendront ensuite. La sculpture

et le dessin

termineront notre visite au Musée ».