La presse de Loir-et-Cher : pour un aperçu historique

Dans cette partie sud-ouest de l'ancienne province de l'Orléanais, aucun journal ne paraît sous l'Ancien Régime, alors qu'il s'en publie en Touraine voisine. Le département de Loir-et-Cher créé en 1790, dont la moitié sud comprend les étangs déserts de Sologne, est l'un des moins densément peuplés de France. À l'époque révolutionnaire, c'est à Vendôme que paraissent la plupart des journaux : Journal du Haut et Bas Vendômois... (1791), puis trois journaux suscités en 1796-1797 par le procès à Vendôme de Gracchus Babeuf et de sa conjuration des Égaux.

Après cet épisode, c'est logiquement au chef-lieu, Blois, que la préfecture fait publier les Affiches du département de Loir-et-Cher sous différents titres de 1806 à 1832, et que la Société d'agriculture de Loir-et-Cher publie ses Séances. À partir de 1832, l'assouplissement relatif de la législation favorise la naissance de plusieurs journaux politiques orléanistes et libéraux, vendus par abonnement à la bourgeoisie de Blois. Cependant le souvenir de Babeuf à Vendôme reste vivant. Le néo-babouviste Richard Lahautière, auteur d'un Petit catéchisme de la réforme sociale , est rédacteur pour Le Loir à Vendôme après l'échec de son journal parisien La Fraternité . En 1847, l'organe légitimiste La France centrale commente abondamment un nouveau procès (cette fois à Blois), celui d'Auguste Blanqui . En 1849-1850 paraissent à Blois La Solidarité démocratique et L'Utopie : journal des paysans.

Comme elle l'avait fait sous le Premier Empire, la préfecture reprend en main la presse sous le Second Empire, avec une réglementation répressive entraînant l'autocensure des journalistes. Au début, l'opposition monarchiste résiste bien : avec l'appui moral et financier du prétendant au trône de France (appelé comte de Chambord , une souscription nationale lui ayant offert ce château), La France centrale devient le seul quotidien du département, avec le plus fort tirage, et peut même racheter son principal adversaire Le Journal de Loir-et-Cher. Mais la concurrence en 1868 des journaux libéraux de Tours et d'Orléans entraîne la mort en 1869 du quotidien légitimiste blésois ; la droite catholique ne retrouvera un organe qu'en 1895 avec La Croix de Loir-et-Cher.

Au tout début du XX^e siècle, la Sologne se peuple un peu, et publie trois hebdomadaires (L'Écho de la Sologne, Le Courrier de la Sologne et La Sologne nouvelle ). Face à des difficultés conjoncturelles, dont la crise viticole, les paysans s'organisent progressivement, et de nombreuses publications sont consacrées à l'agriculture, à la viticulture (vallée du Cher) ou à l'exploitation forestière (Sologne).

Après la Grande Guerre, socialistes et communistes se déchirent à la suite du Congrès de Tours de 1920 : Le Progrès reste finalement aux mains de la SFIO, avec Louis Besnard-Ferron comme directeur politique. Fin 1929, la presse de Loir-et-Cher se répartit de façon équilibrée : 14 000 exemplaires pour la presse de droite, 12 600 pour la presse de gauche, et 23 000 pour la presse modérée, très présente dans les arrondissements de Romorantin-Lanthenay et de Vendôme.

En juin 1940 presque tout le département est occupé (la ligne de démarcation étant la rivière Cher) : huit journaux de Loir-et-Cher cessent volontairement de paraître pour ne pas avoir à se soumettre à l'occupant. C'est à Montoire près de Vendôme que Pétain rencontre Hitler. À la veille de la Libération, il ne reste de la presse de Loir-et-Cher que Le Courrier de la Sologne et Le Carillon de Vendôme.

Pour une introduction plus complète à l'histoire de la presse de Loir-et-Cher, voir la préface de Jeannine Labussière dans le volume 41 de la Bibliographie de la presse française politique et d'information générale , par Aline Locker (1992).